L'Observatoire des PME publie une étude sur la connaissance de l'entreprise par les élèves français

75% des élèves français travailleront, à l'âge adulte, en entreprises. Pourtant, leur culture de l'entreprise à la sortie du collège et du lycée est quasi inexistante.

L'Observatoire des PME, qui associe la Caisse des dépôts et consignations et la Banque du développement des PME, vient de rendre publique une étude intitulée « Connaissance de l'entreprise par les élèves : contribution du collège et du lycée ».

Titulaires du bac, les élèves ont séjourné au plus 2 à 3 jours en entreprise


Ayant établi que les trois-quarts des jeunes quitteront le système d'éducation initiale pour travailler en entreprise, l'étude fait l'inventaire de ce qu'ils ont pu apprendre au sein du collège et du lycée, sur cet univers qui sera le cadre d'une importante partie de leur vie. Elle présente également les initiatives pour sensibiliser davantage les jeunes à l'entreprise et propose plusieurs recommandations, dont :
- l'introduction explicite du thème de l'entreprise dans les itinéraires de découverte, les travaux personnels encadrés et les projets personnels à caractère professionnel,
- l'accueil et l'information des enseignants par les entrepreneurs dans des cadres informels et ouverts,
- une inflexion des manuels scolaires pour mieux saisir les opportunités de présenter le fonctionnement de l'entreprise, notamment dans le cadre de matières classiques comme l'histoire et la géographie.

Au moment où les débats sur l'avenir de l'école sont sous le feu de l'actualité, avec la parution du rapport Thélot en octobre 2004, les négociations et concertations menées par François Fillon en vue de la nouvelle loi sur l'école, cette étude apporte un éclairage particulier motivé par la question suivante : peut-on être un citoyen libre et un acteur responsable dans cet univers spécifique qu'est l'entreprise si on n'en maîtrise pas le fonctionnement et les règles ?

C'est sous un angle factuel que l'Observatoire des PME a souhaité étudier ce thème, et instaurer un débat dont on trouve des expressions dans les tribunes libres, rassemblées à la fin de la publication : syndicats de parents, d'enseignants, d'entreprises...

Un constat : la formation générale jusqu'au bac néglige l'entreprise


Excepté pour les enseignements spécialisés des orientations tertiaires ou comptables, il ressort globalement que l'approche de l'entreprise relève plus de l'évocation que de l'explication. Elle se fait au détour de l'apprentissage de la technologie, des métiers, parfois de l'histoire et de la géographie.

L'entreprise est un univers supposé connu : la connaissance semble aller de soi dans le meilleur des cas, mais il ressort de cette analyse que cet univers est le plus souvent ignoré.

Les enseignants, dont l'implication et le professionnalisme ne sont absolument pas remis en cause sur ce sujet, peuvent-ils aborder simplement avec leurs élèves un univers qu'ils n'ont pas (ou peu) directement fréquenté ? Ont-ils une réticence à le faire, ou bien les choix qu'ils doivent opérer entre de nombreuses sollicitations les conduisent-ils à écarter celui d'une meilleure connaissance de l'entreprise ? Il semble que ces deux situations se rencontrent et que, parallèlement, le contexte institutionnel, professionnel ou culturel n'est pas incitatif.

Des initiatives entre Education nationale et PME, mais peu de changement dans les pratiques et les contenus


La création d'un haut comité « Education Economie Emploi » constitue un espoir de traiter plus vigoureusement ce sujet, mais le thème de l'entreprise dans l'enseignement général n'est pas encore à l'ordre du jour de ses travaux.

Le protocole d'accord signé en 2003 entre le ministère de l'Education nationale et le secrétariat d'Etat aux PME touche plus à la promotion de « l'esprit d'entreprise » qu'à la connaissance de l'entreprise, même s'il permet d'en aborder quelques aspects.

Le « débat national sur l'avenir de l'école », lancé en septembre 2003 et dont les conclusions figurent dans le « rapport Thélot », aborde l'entreprise davantage dans le souci d'une insertion professionnelle que « citoyenne », selon l'auteur de cette étude.

Des entreprises relativement passives sur le sujet


De leur coté, les entrepreneurs ou leurs représentants ne font pas un effort considérable pour ouvrir leurs portes aux élèves. Leurs préoccupations relèvent plus de l'adéquation entre le contenu des formations et l'évolution de leurs besoins que de l'approche globale de l'entreprise. De ce fait, leurs initiatives principales se concentrent essentiellement sur la découverte des métiers.

Les actions majeures concernent la semaine « école entreprise » organisée conjointement par le Medef et le ministère de l'Education nationale, les actions de l'association Jeunesse et entreprises, l'opération « Ingénieurs pour l'école ».

L'action de l'Institut de l'entreprise, dont la philosophie, plus réactive, suscite de vifs débats au sein des personnels de l'enseignement est plutôt concentrée sur l'enseignement des sciences économiques et sociales.

Des pistes de réflexion pour une meilleure appréhension de l'entreprise par les élèves


L'Observatoire des PME est conscient de l'existence d'enjeux éducatifs tout aussi ou plus importants que la seule connaissance de l'entreprise Il pense néanmoins possible et souhaitable de faire évoluer positivement cette connaissance par une démarche pragmatique qui pourrait reposer sur l'utilisation simplement accentuée, et améliorée, des outils existants, plutôt que sur l'invention de nouveaux moyens.

Les recommandations portent ainsi sur :
- le renforcement de l'organisation et de l'évaluation de la « séquence spécifique » de découverte de l'entreprise prévue dans l'éducation à l'orientation des classes de 4ème et de 3ème,
- l'introduction explicite du thème de l'entreprise dans les itinéraires de découverte, les travaux personnels encadrés et les projets personnels à caractère professionnel,
- l'accueil et l'information des enseignants par les entrepreneurs dans des cadres informels et ouverts,
- une inflexion des manuels scolaires pour mieux saisir les opportunités de présenter le fonctionnement de l'entreprise, notamment dans le cadre de matières classiques comme l'histoire et la géographie,
- l'observation des expériences, et leur partage par la diffusion d'information en vue de la pérennisation des initiatives les plus fructueuses.

« On pourrait bien sûr se poser la question : pourquoi faudrait-il s'intéresser à l'entreprise, pourquoi un élève, à dix, douze ou seize ans, doit-il en avoir une certaine compréhension ? Les réponses, évidentes, vont de l'utilitaire au culturel. Parce que c'est le lieu où il travaillera dans largement plus de la moitié des cas et même plus si l'on inclut les entreprises publiques. Parce que c'est aussi le lieu où, dans notre société et de manière désormais irréfutable, et non plus contestée, se réalise l'activité productive ou distributive de biens et de services », indique Christian Marbach, président de l'Agence des PME.

L'Observatoire des PME


L'Observatoire des PME est la branche « Etudes » du groupement d'intérêt économique (GIE) Agence des PME, créé par la Caisse des dépôts et consignations et la Banque du développement des PME, et que l'Anvar doit bientôt rejoindre.

Son ambition est de participer à la mise en cohérence, à l'enrichissement et à la diffusion des connaissances relatives aux petites et moyennes entreprises, en partenariat avec les institutions qui concourent à la production de savoir dans ce domaine. Ainsi, l'Agence des PME entend apporter aux pouvoirs publics les informations et l'analyse nécessaires à l'orientation des politiques d'aide au développement des PME.

Par ses études et les moyens engagés à leur réalisation, l'Observatoire des PME entend être le pôle de référence national en matière de connaissances sur les PME.

L'Observatoire des PME a déjà fait paraître :

> PME et Marchés publics (2004) : cette étude utilise les sources statistiques disponibles pour décrire la part des PME françaises dans les marchés publics, expose les attentes des PME en matière de réglementation, et étend sa comparaison aux marchés européen et américain.

> Les PME et l'environnement - Enjeux et opportunités (octobre 2003) : cette étude expose l'opinion des responsables de PME sur l'environnement, le contexte réglementaire et les politiques publiques, et la place des PME sur le marché des biens et services environnementaux.

> Gestion du personnel et de l'emploi dans les petites entreprises (octobre 2003) : cette étude saisit au vif la façon dont les chefs d'entreprise de moins de 50 salariés se définissent par rapport à leur rôle de « patrons ».

> PME, l'appui à la création - Point de vue du créateur - Analyse documentaire (janvier 2003) : cette étude porte sur les appuis de toute nature dont bénéficie, ou ne bénéficie pas, le porteur de projet de création d'entreprise. Elle analyse notamment les appuis provenant de structures professionnelles dédiées.

> Les PME : clés de lecture - définitions, dénombrement, typologies (janvier 2003) : cette étude précise, et décrit de la façon la plus rigoureuse, ce que recouvre le sigle PME, mis à toutes les sauces, du discours politique, à la revendication professionnelle ou à l'approche commerciale ciblée.

La publication « Connaissance de l'entreprise par les élèves : contribution du collège et du lycée » est consultable gratuitement en format PDF sur :
- www.portailpme.fr, site Internet de référence pour les chefs d'entreprise, édité par l'Agence des PME,
- www.observatoirepme.com, le portail Etudes du GIE Agence des PME.

Elle est également disponible sous format papier (15 euros TTC, frais de port inclus).

Observatoire des PME

Branche « Etudes » de l'Agence des PME, dont l'ambition est de participer à la mise en cohérence, à l'enrichissement et à la diffusion des connaissances relatives aux petites et moyennes entreprises, en partenariat avec les institutions qui concourent à la production de savoir dans ce domaine.