Interview d'Amel Bent sur Musique-Radio.com

Quand vous rencontrerez Amel Bent, vous serez d'abord séduits par ses manières volubiles d'adolescente. Quand vous aurez entrevu la femme sous les traits de l'enfant, vous laisserez le charme opérer. Ce feu follet voit le jour un 21 juin, « date de la fête de la musique, comme par hasard ». En toute logique, son premier album s'intitule « Un Jour D'été ».

Pas étonnant non plus qu'elle se balade avec aisance sur l'arpège, capable de tout, dans tous les registres. Il faut dire qu'elle est venue à la musique comme d'autres à la lecture. « Quand tu lis un livre, tu le savoures seule et ensuite, éventuellement, tu en fais profiter les autres. » Amel Bent a donc commencé à chanter pour elle, quand elle rentrait de l'école. Aucune chanson de Charles Aznavour ne lui a résisté et elle n'a résisté à aucune. Puis elle est allée à la MJC, pour faire des rencontres. « Quand j'ai commencé à chanter devant les autres, je sentais leur émotion. J'ai découvert le plaisir de partager une passion. »

Ce qui l'a directement conduite au casting de la « Nouvelle Star », où elle a pu à loisir exprimer son talent. Il n'y a pas si longtemps pourtant, Amel Bent rêvait encore de devenir psychologue. « J'ai toujours été celle qu'on venait voir pour parler, celle qui défendait les plus faibles. » Le poing levé, déjà, comme elle l'assume dans « Ma Philosophie », son premier single. « Cette chanson est pleine d'espoir. Quand nous l'avons écrite avec Diam's, on avait les mêmes envies. “ Le poing levé ”, c'est venu d'elle. Mais c'était tout à fait ce que j'avais envie de dire. »

Pour Amel Bent, tout est clair : quitte à avoir une voix, « autant parler de choses importantes plutôt que juste chanter “ tu es sexy, je t'adore ” ou “ viens bouger tes fesses sur la piste ” ». Au fil des douze titres de « Un Jour D'été », elle ne s'en prive pas, parce qu'elle tient à ses valeurs et avant tout, à sa famille. Dans « Je Suis », Amel Bent invite son frère Ilias, sept ans, et sa soeur Melissa, onze ans. « Quand ils chantaient, j'avais les larmes aux yeux. Ma famille est ce que j'ai de plus précieux au monde. Inutile de me demander ce qui pourrait me rendre heureuse. Le bonheur, je l'ai déjà trouvé. »

Et elle le porte comme un étendard dans « Auprès Des Miens ». Mais on peut être heureuse tout en léchant ses plaies. Quand elle a demandé à Kery James de lui écrire « Pardonnez-moi », Amel Bent pensait tutoyer les anges. Approcher son rappeur préféré lui a donné des ailes. Alors elle a foncé, lui a raconté son histoire et, avec lui, est montée au paradis, rejoindre son cousin victime l'année dernière d'un accident de moto. « Sa mort a bouleversé ma vie, tous mes idéaux se sont écroulés. Si je perdais quelqu'un d'autre, j'en mourrais de chagrin. “ Partis Trop Tôt ”, c'est la chanson qui me tient le plus à coeur. D'ailleurs, je veux la lui dédier, et aussi tout l'album. »

Amel Bent dédie à son cousin le piano/voix de « Ne Retiens Pas Tes Larmes », si doux, l'espoir amoureux du « Droit A L'erreur », son plaisir de chanter dans « Je Me Sens Vivre », la déclaration d'amour dans « Le Temps Passe » et surtout, par dessus tout, les émotions que la musique lui procure. « La musique fait partie des grands mystères de la vie, comme l'amour. Quand on donne beaucoup d'amour, on a envie d'en recevoir beaucoup. Je pense que c'est aussi pour ça que je chante. Pour donner et recevoir de l'amour de 150~000 personnes à la fois... Je rêve de grandes salles. Il faut que je vende des milliards d'albums, pour pouvoir faire les plus grandes salles du monde... »

L'adolescente a refait surface. « Je n'ai pas envie de grandir. Quand j'ai eu quatorze ans, j'ai pleuré pendant une semaine ! J'aime l'idée d'aller où le vent me mène. Je déteste planifier, préparer ma journée. J'ai envie de tout voir. Mais le plus important pour le moment, c'est d'aller dans mon pays d'origine pour mieux comprendre les moeurs de ma famille. » Sa grand-mère vient d'Oran. C'est là qu'Amel Bent a « ses racines », c'est là qu'elle veut puiser sa force et son avenir. « Mon voeu le plus cher, c'est d'épouser un Oranais. Les hommes sont beaux et fiers, à Oran ! Mais je ne veux pas d'un coup de foudre. J'aimerais qu'on ne se plaise pas, qu'on apprenne à s'aimer. Avec mes deux meilleurs amis, on a commencé par se détester. Aujourd'hui, on est inséparables... »

Quand Amel Bent se raconte, elle a la légèreté d'une enfant. C'est peut-être pour ça qu'elle a choisi de ne garder que la moitié de son nom pour s'appeler Bent. « Bent » veut dire « fille de » : fille du vent, de la musique, de l'amour. Quand Amel Bent parle de l'avenir, son visage se fait grave. « Je ne veux pas prévoir, ça évite d'être déçu. Finalement, on n'a que de bonnes surprises. Et quand j'envisage l'échec, ça ne me fait pas mal. Parce que mon bonheur est dans la communion avec le public, dans la fierté de faire un album qui me ressemble, et surtout dans la certitude d'être aimée par les miens pour le reste de ma vie... »

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